Alex Draper, de la Edmonton Community Foundation, est le titulaire de la bourse en philanthropie communautaire pour l’année 2016. En tant que boursier, Alex entreprend un projet sabbatique en vue d’explorer comment les données sur les subventions peuvent servir à brosser un tableau de l’impact social dans sa collectivité.

Tout au long de l’année, dans le blogue de FCC, nous ferons des mises à jour sur le projet d’Alex. Dans ce deuxième billet, Alex nous fait part de ses observations concernant un récent concours qui s’est déroulé à Edmonton et qui illustre le potentiel des données pour aider à susciter un changement social.

En mars, j’ai eu le privilège d’être l’un des juges du concours External Case Competition, de la Alberta Not-for-Profit Association. Ce concours est organisé par la School of Business de l’Université d’Alberta (UdA) et s’appuie sur un partenariat avec un organisme communautaire œuvrant à Edmonton. Des étudiants de l’UdA font une étude de cas au sujet de l’organisme partenaire, décrivant ses activités ainsi que ses défis. Ensuite, des étudiants en commerce qui fréquentent différentes universités canadiennes ont environ 24 heures pour examiner le cas proposé et présenter des solutions. Les juges choisissent l’équipe qui a le mieux solutionné les défis de l’organisme communautaire.

C’était fascinant de voir les étudiants de différentes régions canadiennes s’affronter pour résoudre les dilemmes d’un organisme de bienfaisance.

Cette année, l’organisme partenaire était le Telus World of Science – Edmonton (TWOSE). L’étude de cas mentionne quelques défis, dont l’image vieillotte et démodée du TWOSE et la nécessité de rejoindre de nouvelles clientèles, en plus des enfants et des familles. Le TWOSE fournit des services d’éducation et de divertissement basés sur les sciences, il gère un centre des sciences et organise des expositions itinérantes (comme Body Worlds, Star Wars Identities, ou l’exposition en cours : The International Exhibition of Sherlock Holmes).

L’étude de cas se terminait par une description de l’Aurora Project, une campagne visant à recueillir 40 millions de dollars pour l’agrandissement de l’édifice du TWOSE. Ce projet ajoutera des galeries, mettra à jour d’anciennes installations et introduira deux thèmes majeurs : le Nord canadien et l’eau. Sous bien des aspects, le projet commence à relever les défis du TWOSE en permettant à ce centre d’éducation scientifique de se mettre à jour en ce qui a trait aux innovations actuelles et de rejoindre de nouvelles clientèles. La Ville d’Edmonton a déjà promis une aide financière de 12,5 millions de dollars, et on attend aussi une aide des gouvernements provincial et fédéral. L’optimisme est prudent dans la foulée du nouveau budget fédéral, bien qu’on donne peu d’information. Ce projet est présenté ici.

Après avoir lu l’étude de cas et discuté ensemble, les juges ont convenu que le défi le plus important pour le TWOSE était de recueillir 7,5 millions de dollars dans la collectivité. Ce chiffre représente une cible importante en matière de collecte de fonds, et nécessitera des contributions en provenance d’un grand nombre de sources. Quelle occasion unique de voir plus de 30 jeunes — des étudiants brillants, engagés et motivés — examiner le budget du projet, chercher des sources de financement et élaborer un plan détaillé pour amasser des fonds!

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Cela a été accompli dans une certaine mesure, mais la plupart des étudiants se sont concentrés sur l’image du TWOSE ou sur des stratégies visant à attirer de nouvelles clientèles. Ils ont proposé des idées créatives pour de nouveaux programmes, dont certaines généreraient de faibles revenus, mais qui nécessitaient toutes d’autres investissements et comportaient des risques. Toutefois, TWOSE a déjà des plans d’expansion de ses programmes grâce à l’Aurora Project, et de nouvelles initiatives nécessitant d’autres investissements et campagnes de financement compliqueraient encore les choses. Des projets intéressants ont été proposés, mais on n’a pas examiné de façon dynamique le plan de financement du TWOSE.

Les présentations des étudiants illustraient à quel point le financement du secteur philanthropique est mal compris et prête à confusion. Pour les organismes de bienfaisance et les organismes communautaires, il est difficile d’expliquer ce point et, à l’extérieur du secteur, la plupart des gens ne savent pas d’où provient la plus grande partie des fonds. Peu de personnes ont réfléchi à cela et le grand public suppose vaguement que les organismes se financent grâce à la vente de pâtisseries, la collecte de bouteilles et les chèques surdimensionnés offerts lors des événements de bienfaisance.

Des étudiants brillants et compétents étaient motivés pour examiner le financement à l’occasion de ce concours, et ils n’avaient tout simplement pas les ressources contextuelles nécessaires. Tout d’abord, comment pourraient-ils avoir une idée des sources de financement de l’organisme afin de créer un plan innovateur pour combler ses déficits de financement? Ils pourraient examiner les états financiers et déterminer les sources de revenus de l’organisme, mais cela leur permettrait seulement de savoir d’où provient le financement, et non de connaître les sources potentielles. La seule façon pour les gens de naviguer dans le dédale des ministères et organismes gouvernementaux, des initiatives entourant la responsabilité sociale des entreprises, et des fondations familiales privées, c’est par le bouche-à-oreille, le réseau des relations et les années d’expérience. C’est un gros problème.

(Concept art for the Aurora Project)

Concept art for the Aurora Project / Concept artistique pour l’Aurora Project

Le financement détermine quels seront les programmes et les services offerts. Le financement déterminera si les gens d’une grande ville au nord du Canada ont la chance d’apprendre les notions scientifiques touchant le Canada arctique et l’eau. Il s’agit de thèmes cruciaux qui ont de lourdes conséquences planétaires. L’Aurora Project est un projet important. Nous devons commencer à trouver des façons de démystifier le financement pour en faciliter l’accès et pour permettre aux gens d’en comprendre les sources — au moins les gens qui font un effort concerté à cet effet.

Le secteur philanthropique sait que l’attraction et la rétention de jeunes talents représentent pour lui un défi majeur. Pour le secteur, il est toujours difficile de s’assurer que ses ressources sont allouées de façon efficiente. La plupart des mécènes (ou des subventionneurs) agissent de façon unilatérale et sans plan précis, ce qui explique en grande partie ces problèmes. Une excellente façon de commencer à relever quelques-uns des plus grands défis pour le Canada, c’est de se concerter davantage relativement à nos décisions en tant que subventionneurs, et de créer des ressources qui rendent plus claire et plus accessible l’information entourant les subventions.

Ces derniers points m’ont motivé à poursuivre mon projet : faire le suivi des subventions, compiler en un seul endroit les données recueillies, et créer une base de données à consulter en ligne. Sachant combien d’argent est dépensé pour soutenir la collectivité (ses défis, ses programmes et ses organismes), je pourrai présenter de meilleures recommandations au sujet du subventionnement. La capacité de prendre des décisions stratégiques plus efficaces permettra à ma fondation communautaire de se positionner comme une « organisation intelligente » et un centre de connaissances communautaires. C’est toute la collectivité qui en bénéficiera.