Le présent texte s’inscrit dans notre série sur le Programme de préparation à l’investissement (PPI) et démontre comment le financement du PPI aide les organisations à vocation sociale à se préparer à l’investissement tout en continuant à avoir des effets positifs sur leurs communautés.

Établi au Nunavut, Kitikmeot Heritage Society (KHS) est l’un des plus anciens organismes patrimoniaux du territoire. KHS soutient les Inuinnait, un groupe régional distinct d’Inuits, en contribuant à la préservation de sa culture, de sa langue et de son histoire. En tant que bénéficiaire du Programme de préparation à l’investissement (PPI), Pitquhikhainik Ilihainiq Inc. (PI), une entreprise sociale faisant partie du groupe KHS, a reçu du financement pour attirer des investisseurs.

« Les Innuinnait parlent une langue qui leur est propre : l’Inuinnaqtun, explique Brendan Griebel, gestionnaire des collections et des archives de PI/KHS. C’est plus qu’une simple langue; c’est un mode de vie. Son nom signifie littéralement “à la façon des humains”. Avec environ 600 locuteurs qui parlent encore couramment l’Inuinnaqtun, on ne peut que constater que cette langue est sur le point de disparaître. »

KHS est un organisme sans but lucratif. « Nous cherchons toujours des moyens d’avoir le contrôle sur nos propres fonds, explique M. Griebel. Pendant de nombreuses années, nous avons travaillé d’arrache-pied pour obtenir des subventions gouvernementales, et les priorités associées à ces subventions changeaient constamment. Ces priorités ne correspondaient tout simplement pas à celles de la communauté. Nous voulions créer une source de revenus indépendante. »

Preparing the coffee.

C’est exactement ce qu’a fait KHS en 2018 en fondant PI. « Cette entreprise a pour objectif de générer des emplois et de mettre en place des formations pour les Inuits, en plus d’établir des réseaux d’affaires entre groupes autochtones, poursuit M. Griebel. En tant que structure organisationnelle, l’entreprise fait don de 75 % de ses bénéfices annuels totaux à des programmes culturels et linguistiques dans notre région. »

PI s’est tout d’abord alliée avec Kaapittiaq. « Il s’agit du premier café exploité par des Inuits, précise M. Griebel. Nous avons créé un partenariat avec un groupe autochtone péruvien [Cafe Vasquez] afin qu’ils cultivent pour nous des grains de café. Nous avons importé des grains verts, créé une image de marque propre aux Inuits, commencé à torréfier le café, puis nous avons conditionné et mis en vente notre produit. »

La majorité des revenus de Kaapittiaq permettent à KHS d’accroître ses activités tout en créant de bons emplois et une industrie novatrice dirigée par des Inuits au Nunavut. Le financement du PPI appuie cette croissance et ses effets en préparant Kaapittiaq pour des investissements futurs.

Kaapittiaq reçoit 100 000 $ pour se préparer à l’investissement

Kaapittiaq a reçu un financement de 100 000 $ du PPI, sous forme de capital non remboursable. L’argent sert plutôt à créer les actifs nécessaires pour démontrer aux investisseurs que Kaapittiaq peut devenir rentable et qu’ils pourront obtenir un retour sur leur investissement dans les délais convenus.

« Le financement du PPI est arrivé à point nommé pour nous, précise M. Griebel. Nous étions sur le point de passer à un modèle de distribution élargi lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé. Nous travaillions à mettre en place une boutique en ligne, mais nous n’y étions pas encore parvenus. Nous connaissions de graves difficultés financières lorsque nous avons appris que nous avions obtenu le financement du PPI, un coup de pouce inespéré qui a donné un véritable élan à notre entreprise. »

Avant le financement du PPI, Kaapittiaq était composée de bénévoles. « Le financement du PPI nous a permis de consacrer 20 % de nos capitaux d’exploitation à la rémunération du personnel. Il était vraiment essentiel que nous puissions verser un salaire aux employés et fournir un effort supplémentaire pour faire croître l’entreprise. Nous avons été en mesure de créer une boutique en ligne, d’ouvrir des comptes de médias sociaux, de mettre au point des publicités imprimées et des publicités destinées au Web et d’élaborer un processus de traitement des commandes. Par ailleurs, nous avons maintenant un entrepôt et les commandes peuvent être passées en ligne. Ce financement a carrément sauvé notre entreprise. »

M. Griebel et son équipe ont également ouvert un poste de conseiller en communications inuit. « Nous avons fait bon usage du temps offert généreusement par les conseillers en communications de KHS. Aujourd’hui, grâce au financement du PPI, nous avons la possibilité [d’embaucher notre propre conseiller]. Ce financement nous permet de réaliser de nombreux projets, dont celui de recruter notre premier employé inuit à temps plein. Notre choix s’est porté sur une jeune femme du nom de Margaret [Qutiaquq Oliver], qui supervise l’ensemble de la production de Kaapittiaq à nos installations en Ontario », ajoute-t-il. Margaret Qutiaquq Oliver écrivait à Kaapittiaq depuis plus d’un an dans l’espoir d’apporter sa contribution à l’entreprise. « Nous n’avons jamais eu l’argent pour rendre cette embauche possible. Aujourd’hui, avec le poids que le financement du PPI a enlevé de nos épaules, nous avons pu créer ce poste pour elle. »

M. Griebel réitère que 75 % des revenus de Kaapittiaq sont versés à des programmes. « Le financement du PPI nous a permis d’accorder la priorité aux secteurs qui correspondent à nos valeurs d’entreprise, comme une technologie de pointe qui réduira au minimum notre empreinte environnementale, ainsi que la traduction de toutes nos communications en langues inuites », explique-t-il.

En pensant à ce qui rend ces atouts attrayants pour les investisseurs, M. Griebel déclare : « Ils nous permettent de démontrer que nous sommes fidèles à nos valeurs. La preuve : nous les concrétisons. »

Le regard tourné vers l’avenir

Lorsque toutes les activités financées par le PPI seront terminées, Kaapittiaq a pour objectif d’évoluer dans de nouveaux marchés canadiens. « Nous aimerions donner le choix à tous les Canadiens de se dire : “Je veux que mon argent permette aux Inuits d’améliorer leurs conditions de vie, et ce, de la manière dont ils l’entendent” », indique M. Griebel.

« Lorsque la pandémie de COVID-19 sera derrière nous, plusieurs nouveaux réseaux d’affaires autochtones pourraient voir le jour, ajoute-t-il. Nous espérons vraiment voir partout dans le monde des réseaux de groupes autochtones toujours plus solides qui se soutiennent mutuellement, et voir les consommateurs non autochtones appuyer sciemment ces réseaux, renforçant ainsi les capacités économiques de ces communautés. »