Le présent texte s’inscrit dans notre série sur le Programme de préparation à l’investissement (PPI) et démontre comment le financement du PPI aide les organismes à vocation sociale (OVS) à se préparer à l’investissement tout en continuant à avoir des effets positifs sur leurs communautés.

Les pertes auditives touchent une personne sur cinq au Canada et ne sont souvent pas diagnostiquées avant plusieurs années. Pour remédier à ce problème, l’association des malentendants canadiens de Terre-Neuve-et-Labrador (CHHA-NL), un organisme à but non lucratif, propose des services de sensibilisation, d’accessibilité et de défense des droits. Aujourd’hui, toujours dans l’optique d’améliorer la qualité de vie des personnes malentendantes ou devenues sourdes avec le temps, la CHHA-NL a mis en place Read Our Lips, son premier organisme à vocation sociale (OVS). Bénéficiaire du programme de préparation à l’investissement (PPI), l’organisme a reçu un financement pour l’appuyer dans ce projet. 

Créée en 2019, Read Our Lips est une plateforme d’apprentissage autonome de lecture labiale destinée aux adultes. « Pendant de nombreuses années, nous avons offert des cours de lecture sur les lèvres à la communauté, mais le personnel manquait cruellement, explique Alison Butler, qui porte le projet à bout de bras. Nous avons alors eu l’idée de les proposer en ligne afin de les rendre accessibles au plus grand nombre de personnes possible, et ce, depuis leur domicile. »

Read Our Lips est une entreprise à vocation sociale; les bénéfices issus des ventes de ces cours servent donc le bien public. « Une fois que nous réalisons des bénéfices, l’ensemble des revenus sont réinvestis dans les programmes de nos communautés locales », explique la responsable du projet. L’argent récolté sert notamment à financer les dépistages mis en place par la CHHA-NL ainsi qu’un programme de prêt d’appareils auditifs.

Par ailleurs, le PPI est un moyen de préparer Read Our Lips aux investissements potentiels, à savoir de l’aider à évaluer les différents marchés à l’échelle du Canada pour ainsi y faire sa place. La croissance de l’organisme permettra à la CHHA-NL d’élargir son champ d’action et, à terme, d’améliorer le bien-être de la communauté qu’elle sert. « Si nous réussissons à faire en sorte que [la lecture labiale] devienne un acte ordinaire dans notre société, cela incitera les gens à traiter plus tôt leurs problèmes d’audition. Cela sera donc vecteur d’une meilleure communication et, de manière générale, d’une meilleure qualité de vie », soutient Alison Butler.

Read Our Lips reçoit 30 000 $ pour se préparer à l’investissement

Les 30 000 $ du PPI permettent à Read Our Lips de créer les ressources nécessaires (plan marketing, prévisions budgétaires, etc.) pour montrer aux investisseurs que le projet est suffisamment bien ficelé pour recevoir leur appui. Cette somme constitue une subvention d’investissement; en d’autres mots, l’entreprise n’aura pas à la rembourser.

« Nous sommes un organisme à but non lucratif qui vient tout juste de démarrer; nous avons donc peu d’argent de côté, déclare la responsable du projet. Nos seuls revenus proviennent de notre plateforme, qui fonctionne sur le mode d’une vente d’un bien de consommation. Rappelons qu’il ne suffit pas d’investir dans le projet initial : faire une campagne de publicité ou engager du personnel requiert également des fonds. [Le PPI] nous donne donc un sérieux coup de pouce pour partir du bon pied avec un projet à valeur ajoutée. »

Read Our Lips est à présent à la recherche de milieux de travail (entreprises, organismes) qui souhaiteraient faire un achat de formations en gros. « Ce dont nous avions besoin notamment – et ce pour quoi nous avons fait la demande de subvention – était le travail de recherche d’une équipe de consultants qui nous permettrait de lancer notre produit de manière originale et novatrice. En effet, comme je suis toute seule à la tête de l’organisme, je ne peux pas être au four et au moulin. Ce financement nous permet d’avoir quelqu’un qui effectue cette tâche de démarrage essentielle, et qui nous évite d’avoir à avancer à tâtons », renchérit Alison Butler.

Cette dernière a d’ailleurs déjà commencé à travailler avec l’équipe de consultants. « Ça fonctionne vraiment bien jusqu’à présent, s’exclame-t-elle. J’espère qu’à la fin de cette collaboration, nous aurons de solides pistes de vente pour approcher de grandes organisations et déterminer ce que nous pourrions leur apporter en fonction de leur mandat. »

Réfléchissant à ce qui pourrait rendre Read Our Lips attirante pour des investisseurs, Alison Butler affirme : « Nous sommes l’un des seuls organismes au monde à offrir une formation en ligne entièrement dédiée à la lecture labiale, et même le seul au Canada, à ma connaissance! » Elle ajoute : « Nombre de gens commencent à penser davantage à leur bien-être, sans s’intéresser [toutefois] à leur confort auditif. Être capable de lire sur les lèvres est une pierre à l’édifice! Par exemple, personne n’est capable d’entendre parfaitement dans un environnement bruyant. Or, la lecture labiale permet à notre esprit de combler les pertes engendrées par un tel environnement. »

Le regard tourné vers l’avenir

Comme ç’a été le cas dans de nombreux autres OVS, la COVID-19 n’a pas laissé Read Our Lips indemne ni indifférente. « Nous faisons beaucoup de promotion pour le port de masques accessibles aux sourds et malentendants, c’est-à-dire des masques dotés d’une fenêtre transparente pour permettre la lecture labiale », explique Alison Butler. En outre, « nous vivons un changement de paradigme vers l’enseignement en ligne, ce qui est bien sûr génial pour Read Our Lips. Nombre de gens qui n’auraient peut-être pas eu confiance en leurs compétences informatiques auparavant ont été en quelque sorte forcés de faire le pas », ajoute-t-elle.

Regard tourné vers l’avenir, la responsable du projet explique : « Plus il y aura de personnes qui comprennent l’importance de la lecture labiale et tout ce que cela implique, à savoir bien articuler et regarder son public en face, plus vite on arrivera à achever notre “édifice”. Mon souhait est qu’en améliorant notre capacité à communiquer, nous travaillions tous ensemble pour bâtir une communauté dans laquelle il fait meilleur vivre, et ce, pour tout le monde. »