Ce témoignage s’inscrit dans notre série Initiative canadienne pour des collectivités en santé (ICCS) qui explique comment les 31 M$ d’investissement du gouvernement du Canada soutiennent les communautés à mesure qu’elles créent et adaptent les espaces publics pour répondre aux nouvelles réalités de la COVID-19.

Pendant 14 ans, Heather Kelday a été la directrice générale de la Nova Scotia Sea School : Une école qui offre aux jeunes des aventures, notamment des expéditions en mer, du camping, des randonnées et bien plus encore.

Grâce aux programmes de l’école, les jeunes acquièrent des compétences personnelles inestimables, telles que « comment travailler en groupe et vivre une expérience vraiment stimulante, par exemple, naviguer sur l’océan », explique Mme Kelday.

De toute évidence, Mme Kelday est convaincue des avantages des loisirs en plein air, mais il y a un gros problème : « [Les loisirs en plein air] sont formidables pour les personnes qui savent en profiter, mais ils ne le sont disproportionnellement pas pour celles qui n’ont pas les compétences, l’accès ou les connaissances en la matière », explique-t-elle.

C’est un problème auquel la Sea School s’attaque depuis plus d’une décennie : comment leur organisme peut-il mieux interagir avec les populations sous-représentées pour que tous les jeunes aient un accès identique à des compétences en plein air qui changeront leur vie?

Au fil des ans, l’école a organisé des projets ponctuels pour engager les jeunes Noirs, les Autochtones et les nouveaux arrivants. « Nous n’avons jamais été en mesure de conserver ce type de programme, en partie parce que nous ne comprenions pas ce dont ces groupes avaient besoin [et] en partie à cause du financement », explique Mme Kelday.

Un nouveau degré d’urgence

Puis, la pandémie a frappé. Alors que partout au pays, les Canadiens ont commencé à se réunir à l’extérieur — la fréquentation des sentiers de randonnée a augmenté de 40 % partout au pays — Mme Kelday avait conscience que tout le monde ne pouvait pas s’évader dans la nature si facilement. Malgré les perturbations liées à la COVID-19, la Sea School a redoublé d’efforts en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, grâce au soutien de quelques-uns de ses donateurs.

En l’espace d’un an, la Sea School s’est associée à trois agences différentes : la Blxckhouse qui est au service des jeunes Noirs de la communauté historique de North Preston; la Ulnooweg qui est au service des jeunes autochtones; et l’Immigrant Services Association of Nova Scotia (ISANS) qui est au service des jeunes nouveaux arrivants. De cette collaboration est née l’idée du programme Safe For Me Outdoors. Ce programme a été une source d’opportunités pour les jeunes Noirs, les Autochtones et les nouveaux arrivants qui leur a permis d’acquérir des compétences en matière de loisirs en plein air. « [Le programme est] vraiment né après 15 années marquées par des essais et des erreurs », a déclaré Mme Kelday.

Avec des années d’expérience à son actif, l’équipe de Mme Kelday a fait une demande de subvention de l’Initiative canadienne pour des collectivités en santé (ICCS) qui se concentre sur la création d’espaces sécuritaires et dynamiques pendant la COVID-19 — ou, dans le cas de Safe For Me Outdoors, sur l’élimination des obstacles pour que chacun puisse profiter de ces espaces. La Sea School a reçu un financement de 30 000 $ : assez pour lancer le programme.

Grâce au programme Safe For Me Outdoors de la Sea School les jeunes participent à quatre ou cinq séances récréatives par saison; chaque activité est adaptée au niveau de confort d’un groupe de jeunes. Alors que l’école offre toute une gamme d’activités, de la navigation de plaisance au kayak, Mme Kelday explique que le projet invite les jeunes à commencer par identifier les espaces sauvages proches de chez eux. Parfois, cela signifie passer du temps dans un jardin ou un parc local.

« On ne commence pas sans quelques bases une expédition de 7 à 21 jours en mer sur un voilier, ce qui est en quelque sorte l’expérience ultime de la Sea School », plaisante-t-elle.

Mme Kelday explique par exemple que les compétences en natation de certains jeunes nouveaux arrivants sont faibles, car ils arrivent de pays où ce sport n’est pas un passe-temps récréatif. Au lieu de cela, Safe For Me Outdoors pourrait proposer de faire une randonnée ou suggérer de prendre un bus local pour se rendre au parc.

« À la fin de la journée, ces enfants ont de l’eau jusqu’à la poitrine, explique Mme Kelday. Ils sont tout simplement heureux d’être là. »

Peu de temps après, le groupe de jeunes nouveaux arrivants a pu rencontrer les membres de la Sea School de Lunenburg — à une heure et demie de route de chez eux — pour venir faire de la voile, puis du kayak de mer. « C’est le programme que nous avons construit : commencer par une demi-journée, puis une journée complète en ville, puis des excursions sur le terrain », explique Mme Kelday.

Un effort commun

Safe For Me Outdoors soutient les trois agences partenaires de Sea School, et aide ses partenaires à donner aux jeunes un accès à des activités récréatives. « Tellement de choses empêchent même d’aller dans un parc local, explique Mme Kelday. Nous savions que ces groupes partenaires n’avaient ni l’accès, ni le financement, ni le transport. »

Il y a un effet domino en jeu : le succès des partenariats de l’école renforce la confiance avec les familles des jeunes, et augmente ainsi leur participation aux programmes. Tout partenariat durable à long terme nécessite du travail, du temps et de la formation.

« Création de connaissances internes, changement de culture, développement de ressources, pilotage », énumère Mme Kelday – toutes ces choses qui nécessitent un financement. C’est là qu’intervient à nouveau la subvention de l’ICCS.

« Le moment était tout simplement idéal, se souvient Mme Kelday à propos de la subvention. Nous avons identifié ces groupes qui sont vraiment enthousiasmés par nos programmes, et nous avons ici le financement qui permettra de les lancer. »

« Déjà, le programme a un impact énorme sur les jeunes, explique Mme Kelday. Il leur offre un endroit leur permettant de se retrouver — sans parler de la multitude de compétences et de connaissances qu’ils acquièrent. »

« L’un de nos objectifs est [de] vous faire prendre conscience que vous pouvez faire des choses que vous pensiez être impossibles, explique Mme Kelday. Sortir de sa zone de confort, se sentir en sécurité et [savoir] que l’on peut faire confiance à celles et ceux qui vous dirigent et vous faire confiance. »

Elle ajoute que, pour certains jeunes, « il y a tellement d’histoires de traumatismes et de peurs. Leur hâte et leur envie de participer sont probablement les choses les plus importantes pour nous. »

Ciel bleu à l’horizon

À l’avenir, l’école prévoit d’offrir une certification aux jeunes, ce qui créera des occasions de leadership comme devenir instructeur à la Sea School ou guide de randonnée. Ce faisant, « ce n’est pas uniquement la Sea School qui impose des loisirs en plein air à la communauté; ils commencent à développer leurs propres connaissances et leaders », explique Mme Kelday.

Grâce à Safe For Me Outdoors, la Sea School s’engage à faire en sorte que chacun puisse s’évader dans la nature, en profitant de tous ses nombreux avantages pour la santé et le bien-être. « Chaque communauté est entourée par la nature, explique Mme Kelday. Si nous avons un impact sur 20 jeunes, cela a un impact sur leur famille, et l’environnement de leurs communautés — ça a un effet domino. »