Cette histoire s’inscrit dans le cadre de notre série Initiative pour des collectivités en santé (ICS) qui présente comment l’investissement de 31 millions de dollars du gouvernement du Canada appuie les collectivités alors qu’elles créent et adaptent des espaces publics pour répondre aux nouvelles réalités de la COVID-19.

Si vous vous promenez le long du ruisseau Junction à Sudbury, vous pourriez tomber sur une « Creativity Box » (boîte à création) : un récipient en bois abritant un guide de la nature saisonnier et des fournitures artistiques.

Les boîtes à création font partie du projet « Tiny Traces Along Junction Creek ». Lancé en 2021 dans le contexte des fermetures d’écoles et des confinements généralisés, Tiny Traces offre aux adultes et aux enfants la possibilité d’apprendre en plein air et de jouer à des jeux basés sur la nature, tout en créant un espace sûr pour entretenir ses relations pendant la COVID-19.

Récemment, Sharon Speir — coprésidente de Early Childhood Creative Collaborations (ECCCo), l’organisme à la tête de « Tiny Traces » — se promenait dans le quartier Twin Forks de Sudbury. En ouvrant une boîte à création, elle a vu que quelqu’un y avait déposé deux morceaux de papier : l’un disait « Joyeux Jour de la Terre », et l’autre « Quelqu’un t’aime ».

« Les gens communiquent des liens, des relations et du bien-être » indique Mme Speir.

C’est exactement le résultat qu’ECCCo espérait atteindre lorsque son équipe a lancé Tiny Traces aux côtés de l’artiste environnementale Sophie Anne Edwards et du Comité d’intendance du ruisseau Junction.

Tiny Traces donne aux enfants et aux adultes la possibilité d’établir un lien avec le bassin versant du ruisseau Junction qui traverse le cœur du centre-ville de Sudbury. Depuis 1999, le Comité d’intendance du ruisseau Junction restaure cette voie d’eau pour en faire un lieu de conservation, d’éducation publique et un lieu où se nouent des relations entre les membres de la communauté.

En plus des boîtes à création, Tiny Traces accueille des rassemblements en personne et pose des « questions de recherche » à la communauté. Il s’agit de questions comme : « Entendez-vous l’eau murmurer? » « Quelles histoires l’eau raconte-t-elle? » « Comment les sons du ruisseau changent-ils en cours de route? »

Mme Edwards explique que le projet a été conçu directement en réponse à la pandémie. 

« Nous savons que le lien avec l’environnement est vraiment important pour la santé mentale, explique-t-elle. Lorsque les gens sont reliés à un écosystème, ils ressentent non seulement un sentiment de santé et de bien-être, mais aussi un sentiment d’intendance pour la terre — et nos écosystèmes en ont besoin. »

Un financement pour dynamiser l’esprit communautaire

Le projet a été lancé avec un financement de 58 788 $ de l’Initiative pour des collectivités en santé qui soutient la création d’espaces publics sûrs et dynamiques pendant la COVID-19. L’équipe a découvert la possibilité de financement par l’intermédiaire de la Fondation communautaire North Bay and Area.

« Sans cette initiative, ce serait impossible, explique Mme Edwards. Elle nous a permis de tirer parti des relations communautaires et de bâtir une relation avec le Comité d’intendance du ruisseau Junction, ce qui a vraiment été merveilleux. »

Sur une note plus personnelle, Mme Edwards ajoute que, souvent, les artistes ne sont pas rémunérés pour leur travail. « Le financement de l’initiative me permet de faire ce travail, dit-elle. Sinon, je jongle avec plusieurs emplois, ou je fais une chose et l’autre. Le financement nous a permis de m’intégrer dans le projet. »

Grâce au financement en place, Tiny Traces a eu un impact positif sur les enfants, les familles et les adultes locaux qui se sont peut-être sentis isolés pendant la COVID-19.

Par exemple, Mme Edwards explique que lors d’une animation en hiver, un enfant a fait un trou dans la neige et a dit : « Je suis un poisson dans le ruisseau », tandis que les enfants disposaient des branches pour ressembler à un feu. « Cela nous a amenés à réfléchir : comment transposer à un ruisseau ce sentiment de joie et de célébration que nous éprouvons autour d’un feu de camp? », demande-t-elle.

Dans un autre exemple, Mme Edwards explique qu’un membre de la communauté autochtone a fait deux dessins : le premier représente un castor, et l’autre un bouleau; il explique que le mot ojibwé pour « castor » est « amik » et que celui pour « bouleau » est « wiigwaas ».

Une relation avec la terre

Junction Creek est un couloir faunique qui permet aux plantes et aux animaux de s’épanouir. Une ou deux fois par saison, Tiny Traces prépare un nouveau guide qui est partagé au moyen de ses boîtes à création, du publipostage et en ligne. Les guides expliquent ce qui se passe dans l’écosystème local et encouragent les membres de la communauté à s’inspirer de leur environnement pour créer de l’art, dont le résultat est souvent partagé en ligne.

« C’est intergénérationnel, explique Mme Edwards. Nous recevons des dessins d’adultes et d’enfants. »

Depuis son lancement, Tiny Traces n’a cessé de développer un réseau d’éducateurs et de participants partout à Sudbury qui travaille avec plusieurs écoles, dont une classe de maternelle de l’école publique Princess Anne. Là, Kim Wilson, une enseignante locale, a utilisé les boîtes à création pour encourager ses élèves à dessiner le son d’une chute d’eau.

Une étudiante, Orla, a créé des œuvres d’art avec beaucoup de lignes droites. Elle a expliqué à Tiny Traces : « Quand je suis montée un peu plus haut, à un endroit particulier [de la chute d’eau], ça sonnait bien et calme. C’était très bien. Ça sonnait bien et calme parce que [l’eau] était belle et lente. »

« L’éducatrice a adoré ce lien émotionnel créé entre l’enfant et l’eau, explique Speir. Nous aimons vraiment mettre en évidence la pensée des enfants, car ils nous disent directement ce qu’ils ressentent et nous livrent leur manière de penser — et ils ont une affinité pour l’environnement. »

Lentement et permanent 

À l’avenir, Mme Edwards explique que Tiny Traces est « un travail très lent et doux. Ce n’est pas le genre de travail où l’on peut dire, par exemple “la santé mentale de milliers de personnes s’est améliorée de 45 %”. C’est une invitation à réfléchir au changement à plus long terme en termes de défense de l’environnement et de partage les uns avec les autres. »

Cependant, des fonds supplémentaires sont nécessaires pour que Tiny Traces puisse poursuivre son travail dans les années à venir. Pour Mme Edwards, le plus important est la relation qu’elle a bâtie avec ECCCo et le Comité d’intendance du ruisseau Junction.

« Je suis moins intéressée par ces projets ponctuels où l’on présente rapidement un atelier, avant de repartir, dit-elle. Je pense que nous devons vraiment penser à des relations à long terme les uns avec les autres et avec les écosystèmes. »

Mme Speir est d’accord : « Je pense qu’il est difficile d’articuler ou de quantifier les relations, mais en travaillant avec le Comité d’intendance du ruisseau Junction, la philosophie et les objectifs à plus long terme sont très parallèles. Quoi qu’il arrive à l’avenir, nous pouvons nous appuyer sur cette relation. »