Par Ayusha Mahajan

Ayusha était lauréate de la Bourse en narration transformationnelle des Fondations communautaires du Canada pour une expérience de six mois avec le portefeuille de la transformation qui explore la transition sociétale. Une histoire ne réaliserait jamais son potentiel sans l’aide d’une tribune permettant de la diffuser. Nous sommes reconnaissants pour le soutien de Canada Life, la Fondation RBC et l’Académie de l’innovation sociale pour leur partenariat avec Fondations communautaires du Canada visant à appuyer la Bourse en narration transformationnelle et son impact prometteur.

Croire en la possibilité

La croyance est un choix qui permet de considérer correctement les nuances de ce à quoi nous croyons. Dans le cas présent, croire en un avenir meilleur permet d’emprunter le chemin qui y mène. Tout le monde peut monter à bord d’un bateau, mais il faut posséder un bon sens de l’orientation pour atteindre une destination.

Selon Andrew Chunilall, chef de la direction de FCC, les « idées fixes » retiennent le Canada de devenir un pays où chacun a sa place. Il est d’avis que la transformation et les idées fixes ne font pas bon mélange : lorsqu’on se préoccupe trop des chemins déjà parcourus, on s’empêche de discuter du chemin à parcourir. Le fait de confronter et de reconnaître le passé permettra à des groupes de se former pour écrire l’histoire : « Je pense qu’on ne peut se déclarer victorieux que lorsque personne n’est laissé pour compte. »

Andrew Chunilall est plein d’espoir pour l’avenir lorsqu’il considère les progressions de la société. Une institution aussi fondamentale que la famille a connu une évolution considérable au sein de la société dominante, avec l’avènement du mariage entre personnes de même sexe. « La société ne s’est pas effondrée pour autant. Le pilier de la société qu’est la famille n’a pas été détruit, il a seulement été enrichi. Et donc, qu’est-ce que cela vous apprend à propos de l’idée de s’accrocher au statu quo? » Un changement de route n’entraîne pas nécessairement une perte de direction.

Tim Draimin et Michelle Baldwin, tous deux membres de l’équipe Transformation de FCC, s’intéressent tous deux à la question du statu quo.

Pour Tim Draimin, les obstacles à un avenir qui redonne le pouvoir à l’individu sont liés à l’obstination des paradigmes. La société a le potentiel d’être aussi fluide que l’eau, mais nous continuons à emprunter les mêmes chemins par peur de nous noyer. Il est d’avis que les legs rigides sur lesquels reposent les institutions d’aujourd’hui sont directement menacés par le changement, ce qui se traduit par des solutions de fortune telles que l’augmentation du nombre d’emplois à bas salaires, qui ne permettent pas de prévenir des problèmes comme la contraction de la classe moyenne. « Il faut pouvoir remettre en cause un grand nombre de ces préceptes économiques corrosifs qui se sont infiltrés dans le système et qui ont été façonnés par ceux qui en ont profité. »

Il faut également tenir compte des questions de gouvernance, comme le fait que les municipalités sont à la merci des provinces, que la technologie a l’esprit étroit et que la conceptualisation du terme « innovation » est dépourvue de mission sociale. « À bien des niveaux, nous avons affaire à un système qui a largement dépassé sa date de péremption, mais nous n’avons pas eu de conversations vraiment sérieuses et dynamiques sur la façon de rénover ces systèmes. »

Il y a toutefois de l’espoir pour les systèmes sur lesquels la société fonctionne. Le Canada, en particulier, amasse suffisamment de richesse et d’abondance pour être un pionnier du changement systématique. Comme Andrew Chunilall, Tim Draimin espère que les attitudes positives du public généreront une vague émergente de progrès.

Michelle Baldwin a la même foi dans la capacité des jeunes à orienter le train vers un avenir meilleur. Elle compare les paradigmes qui régissent les systèmes sociétaux aux voies neuronales d’un cerveau : après une période d’acquisition rapide et d’amorçage, un renforcement constant cristallise les modes de pensée et les croyances. Les générations plus anciennes ont été exposées à certaines choses qui peuvent limiter leur capacité à imaginer d’autres voies. La justice intergénérationnelle est donc une mesure judicieuse pour faire une place à la vision des jeunes afin de redessiner ces voies littérales et métaphoriques.

Michelle Baldwin est également prudente de ne pas simplifier le processus de transformation ni son accessibilité pour l’individu moyen. Tout comme un vaste réseau de racines d’arbres où les ressources sont distribuées et utilisées collectivement, les systèmes qui s’assemblent pour créer une société sont interconnectés de manière évidente et nuancée. La modification de l’un de ces systèmes peut avoir des répercussions sur l’ensemble de la forêt d’une manière qui n’est pas entièrement prévisible, et la transformation ne peut donc jamais être aussi simple qu’une liste de problèmes à résoudre.

Il existe cependant des moyens de contrer ces obstacles, notamment avoir un but et être motivé. Heureusement pour nous, trouver l’espoir dans le but est aussi naturel que les marées qui ressemblent aux vagues de changement du passé. De quelle manière pouvons-nous hisser les voiles de façon à mieux capter des vents nouveaux et nous libérer des mentalités de statu quo?

Prochain arrêt : la mobilisation du changement.