Cet article fait partie de notre série consacrée au Programme de préparation à l’investissement, et vise à montrer comment le financement du PPI aide des organisations à vocation sociale à se préparer à l’investissement tout en continuant à produire un impact positif dans leur communauté.

En 2016, la Colombie-Britannique a déclaré que les décès liés aux opioïdes représentaient une urgence sanitaire, après une forte augmentation de ceux-ci. C’est dans cette foulée que l’entreprise à vocation sociale Brave Coop, de Vancouver, a choisi de s’attaquer à la prévention des décès par surdose. Elle utilise la technologie pour connecter les utilisateurs de drogue au soutien communautaire, quand ceux-ci sont plus vulnérables. Bénéficiaire du Programme de préparation à l’investissement, l’organisme a reçu du financement pour se préparer à l’investissement. 

« À l’heure actuelle, entre 60 et 90 % des surdoses sont renversées par des gens qui ne sont pas des ambulanciers ou d’autres professionnels de la santé, explique Gordon Casey, fondateur de Brave. La communauté a réellement été au premier plan de la prévention des décès par surdose. C’est pourquoi notre objectif a toujours été de demander à ces personnes comment nous pouvions contribuer à mieux les équiper pour qu’elles puissent réagir encore plus rapidement, de façon durable ».

Les produits de Brave comprennent un bouton intelligent, le Brave Button, qui a été conçu pour les immeubles de logements supervisés. Lorsqu’un utilisateur appuie sur l’un de ces boutons sans fil, un message texte est envoyé au personnel de l’immeuble qui peut alors intervenir en conséquence. Ces boutons, souvent installés dans les chambres à coucher, ont été conçus conjointement avec la communauté. « Cela s’inscrit dans le cadre du design équitable (justice design), par lequel le rôle de l’innovateur consiste à agir comme facilitateur entre la personne ayant vécu l’expérience et le reste du monde – dans ce contexte, entre l’expérience de surdose et la technologie », indique Gordon. 

En tant que coopérative, Brave est détenue et contrôlée démocratiquement par ses membres, soit le personnel, les investisseurs financiers et les clients.

« C’est l’une des façons qui nous permet d’intégrer dans notre ADN que nous devrons toujours rendre des comptes à la communauté que nous prétendons servir, parce que celle-ci est en quelque sorte l’un de nos actionnaires », mentionne Gordon. 

Brave a été fondée en 2016. « Ce n’est pas la première entreprise que j’ai lancée, mais il s’agit certainement de la première qui se concentre exclusivement sur une vocation sociale, souligne-t-il. Il était évident pour les investisseurs potentiels que le modèle d’affaires était la dernière chose à laquelle nous avions pensé. »

Afin d’accroître ses répercussions sur la santé et le bien-être de la communauté, Brave s’assure que la distribution de ses produits se fasse le plus efficacement possible. Pour ce faire, l’entreprise a besoin des investisseurs – et c’est là que le PPI entre en scène. « Nous connaissions le financement gouvernemental dont le PPI fait partie, indique Gordon. Nous en avons entendu parler lors de son annonce, et nous étions emballés par cette possibilité. Car nous avons vraiment du mal à communiquer avec les investisseurs d’impact potentiels. Nous devons répondre à des questions délicates, comme “je suis désolé de demander cela, mais pourquoi devrions-nous contribuer à empêcher ces gens de mourir?” Disposer d’outils pour répondre à ces questions nous serait donc très utile, car nous savons que [les investisseurs] doivent pouvoir fournir des réponses à leurs parties prenantes sur ces sujets. »

Brave obtient 87 000 $ pour se préparer à l’investissement

Grâce à ce financement de 87 000 $, Brave pourra créer le genre d’éléments qui lui permettra de démontrer aux investisseurs potentiels qu’elle peut devenir rentable et procurer des rendements. « Dans le cadre du PPI, nous faisons surtout de la modélisation financière, en la liant d’abord à la mesure de nos répercussions, puis à notre marketing et à notre positionnement », souligne Gordon. 

Il poursuit : « Nous voulions que nos données et projections financières puissent bénéficier de l’expertise d’une personne qui nous guide tout au long du processus en nous posant des questions pertinentes, comme : Avec combien d’immeubles êtes-vous en train de négocier en ce moment? À quoi ressemble votre pipeline de ventes? Comment se chiffre-t-il à partir de vos prix actuels? »

Grâce à un modèle financier, une mesure des répercussions et un plan marketing, Gordon soutient que : « nous pourrons articuler notre modèle d’affaires et financier de façon vraiment claire, et nous pensons que c’est ce que [les investisseurs] recherchent. »

Quand le temps de présenter viendra, Gordon pense que : « nous allons sans doute structurer une ronde de financement plus formelle, qui se situera probablement autour de 5 millions $. L’objectif principal visera probablement l’évolution de notre gamme de produits, afin que nous puissions réaliser des choses comme transformer notre capteur [ODETECT, qui détecte si quelqu’un fait une surdose dans un espace clos] dans un format qui pourrait être envoyé dans une boîte, afin que les gens puissent l’installer eux-mêmes. »

Se tourner vers l’avenir

Comme plusieurs entreprises, Brave a éprouvé des difficultés durant la pandémie de COVID-19. Son défi actuel consiste à trouver comment faire l’installation de capteurs de télédétection pour des clients aux États-Unis. Quand il réfléchit aux répercussions à grande échelle de la pandémie, Gordon déclare que « les personnes qui sont des travailleurs essentiels ne sont pas celles qui étaient valorisées auparavant dans la société. Or, il se trouve que ce sont les types de personnes avec lesquelles nous travaillons en tout temps – des travailleurs sociaux et des intervenants dans des logements sociaux, ainsi que des cols bleus, qui sont également de grands consommateurs qui risquent souvent de faire des surdoses. » 

Il conclut ainsi : « En pleine pandémie de COVID-19, toute l’attention a été déplacée vers cette crise de santé publique. Ce faisant, la crise de surdoses s’en est trouvée amplifiée. Une partie de notre rôle, dans ce nouveau monde, consiste à plaider en faveur d’un plus grand soutien pour tous [les problèmes sociaux], et à demeurer aligné avec les personnes qui luttent pour la justice sociale dans son ensemble. » 

Nickie Shobeiry est une écrivaine, animatrice télé et journaliste, qui s’intéresse à l’entrepreneuriat et à l’impact social au Canada et à l’étranger.