Cet article fait partie de notre série consacrée au Programme de préparation à l’investissement, et vise à montrer comment le financement du PPI aide des organisations à vocation sociale à se préparer à l’investissement tout en continuant à produire un impact positif dans leur communauté.

Située dans la communauté côtière de Powell River, en Colombie-Britannique, K-Lumet est une entreprise sociale possédant des installations manufacturières qui offrent des emplois inclusifs aux gens ayant des aptitudes différentes. Son produit? Un allume-feu fait de matériaux recyclés à 99 %. En tant que bénéficiaire du Programme de préparation à l’investissement (PPI) en 2020, K-Lumet a reçu des fonds pour l’aider à trouver de futurs investisseurs et à faire croître ses activités.

L’entreprise a fait ses débuts dans les années 1990 en Suisse, et a pris de l’expansion depuis dans plusieurs autres pays européens. En 2013, Barbarah Kisschowsky, une résidente de Texada Island, en C.-B., est devenue titulaire de la franchise canadienne de K-Lumet. « Le fils de Barbarah est affecté par un handicap sévère. Elle avait donc de la difficulté à lui trouver des possibilités d’emploi convenables », explique Leni Goggins, gestionnaire de projet pour K-Lumet.

Les allume-feu de K-Lumet sont faits de retailles de bois provenant des chantiers de construction, de rondelles de cartons de rouleaux de papier hygiénique recyclé et de cire provenant de restes de bougies.

En Europe, K-Lumet est un lieu de travail supervisé recrutant exclusivement des adultes en situation de handicap. « Les gens sont souvent payés en dessous du salaire minimum, et cela se fait généralement par l’entremise de subventions dans la plupart des pays européens. Au Canada, nous avons opté pour un modèle d’emploi plus inclusif », indique Mme Goggins.

Barbarah Kisschowsky a embauché Leni Goggins en 2017, pour l’aider à lancer le projet pilote de K-Lumet. « Notre mandat consiste à déterminer si cette entreprise peut être durable sous un modèle d’emploi inclusif », souligne Mme Goggins.

Elle explique que, tandis que la plupart des initiatives d’emploi inclusif se demandent comment elles peuvent accueillir des personnes en situation de handicap, K-Lumet fait le contraire. « Notre modèle d’affaires est conçu pour les personnes ayant des déficiences intellectuelles. Nous nous demandons donc comment nous pouvons accueillir des personnes qui ne sont pas en situation de handicap! », explique-t-elle.  

Quant aux allume-feu de K-Lumet, ils sont faits de retailles de bois provenant des chantiers de construction, de rondelles de cartons de rouleaux de papier hygiénique recyclé et de cire provenant de restes de bougies. « Nous recueillons la cire par l’intermédiaire des magasins d’articles usagés, et nous avons des contenants de recyclage à différents endroits où les gens de la collectivité peuvent apporter leurs rouleaux de papier hygiénique et leur cire », indique Mme Goggins. 

K-Lumet possède la licence pour franchiser ses activités de fabrication à travers la Colombie-Britannique. « Les personnes en situation de handicap sont beaucoup plus susceptibles de n’avoir jamais travaillé, en particulier celles qui ont une déficience intellectuelle », souligne Mme Goggins. Au Canada, les statistiques démontrent que, parmi les personnes en situation de handicap qui n’avaient pas d’emploi, deux personnes sur cinq avaient la capacité de travailler. « Une vaste partie de la population apte à travailler est exclue du marché du travail en raison du système. Pour assurer le succès de son projet, K-Lumet a dû implanter des changements à plusieurs niveaux », ajoute-t-elle. 

K-Lumet obtient 14 410 $ pour se préparer à l’investissement

K-Lumet souhaite implanter son modèle d’emploi dans de nouveaux emplacements, ce qui lui permettra de réduire les inégalités dans les collectivités de la Colombie-Britannique, et de les renforcer. Toutefois, pour offrir des franchises, l’entreprise a besoin de financement additionnel. « Notre objectif à long terme consiste à devenir autonome et à exercer nos activités sans subventions », indique Leni Goggins.

K-Lumet a donc reçu 14 410 $ de financement du PPI afin de soutenir son cheminement vers la résilience financière. Le but du PPI consiste à aider les entreprises à devenir prêtes à l’investissement. En tant que projet pilote, K-Lumet doit pouvoir démontrer aux investisseurs qu’elle peut devenir profitable, et l’un des moyens d’y arriver réside dans la production d’un plan d’affaires robuste. K-Lumet utilisera donc les fonds obtenus du PPI pour élaborer ce plan.

« Nous sommes une entreprise en démarrage et nous tentons d’établir nos coûts de marchandises, nos marchés de vente et notre image de marque. Le financement du PPI vise à nous appuyer dans l’embauche d’un consultant spécialisé en entreprise sociale, qui connaît aussi le type d’entreprise que nous exploitons. Pour nous, un plan d’affaires est un élément absolument essentiel pour pouvoir aller de l’avant et progresser d’une façon qui nous convient », explique Mme Goggins.

Elle ajoute que, pour les entreprises sociales, trouver des investissements peut être particulièrement difficile, « surtout des investissements qui reconnaissent la valeur de l’impact social, en plus du rendement fiscal. Je suis vraiment très heureuse de cet appui du PPI, car ce financement nous donnera le temps dont nous avons besoin pour déterminer comment nous pouvons attirer des investissements. »

Quand elle repense au processus de demande pour le PPI, Mme Goggins souligne ceci : « Nos chances d’obtenir du financement du PPI étaient assez minces. Mais ils ont pu voir que nous avons déjà des partenariats en place, une vision, un objectif de croissance et un impact social élevé, et je crois que c’est la raison qui explique l’acceptation de notre demande. » 

Parmi les partenaires de K-Lumet, on retrouve un organisme de vie communautaire, Inclusion Powell River, et le Power River Model Community Project, un organisme sans but lucratif engagé à garantir l’égalité des chances pour les personnes en situation de handicap.  

Se tourner vers l’avenir

L’avenir de K-Lumet est prometteur et comporte des plans pour accroître ses services de recyclage et créer de nouveaux produits. « Nous souhaitons augmenter considérablement le nombre de personnes en emploi. Nous voulons continuer à vendre. À l’heure actuelle, notre marché se concentre en Amérique du Nord, et nous commençons tout juste à recevoir des commandes de grande envergure de distributeurs situés dans l’Est du Canada et aux États-Unis », indique Leni Goggins.

En sa qualité d’entreprise sociale, K-Lumet joue un rôle important en démontrant comment le Canada peut mieux reconstruire l’après-COVID-19. « Soudainement, les gens réalisent que si vous achetez local, vous soutenez des emplois locaux. Mais si vous achetez d’une entreprise sociale qui soutient l’impact social, vous participez aussi à cet impact social. Dans un retournement de situation fort intéressant, la COVID-19 a rendu les entreprises sociales encore plus pertinentes qu’elles ne l’étaient peut-être auparavant », conclut Mme Goggins. 

Nickie Shobeiry est une écrivaine, animatrice télé et journaliste, qui s’intéresse à l’entrepreneuriat et à l’impact social au Canada et à l’étranger.