Nous nous sommes récemment entretenus avec la présidente de FCC, Andrea Dicks, et le chef de la direction de FCC, Andrew Chunilall, pour connaître leur position sur le leadership en temps de crise et sur les façons de faire face au contexte actuel de la COVID-19. Voici ce qu’ils avaient à nous dire. 

Selon vous, quelle est en ce moment la chose la plus importante que peuvent faire les leaders pour leurs équipes et leurs communautés? 

Andrea :  Je dirais qu’il faut diriger avec empathie. Selon moi, actuellement, il est crucial que les leaders d’une organisation ou les gestionnaires d’une équipe démontrent une profonde empathie pour leurs collègues et les personnes avec lesquelles ils collaborent, ainsi qu’avec les gens ou les groupes qui contribuent à leur travail ou en bénéficient. Et qu’ils fassent preuve d’empathie et de bonté envers eux-mêmes. Pour tout le monde, il s’agit d’une situation sans précédent, et les leaders doivent comprendre que les gens ont à vivre et à gérer du stress, de l’anxiété et des traumatismes, de différentes façons. Tout le monde est conscient que les conséquences de cette crise sont très inégales, et que ce sont les individus, les groupes et les communautés les plus vulnérables qui sont les plus touchés. En tant que leader, il faut se demander : en une période extraordinaire, comment peut-on répondre (en tant qu’organisation et en tant que leader) de façon extraordinaire? 

Andrew : Je suis d’accord avec Andrea. J’ajouterais qu’il est plus que jamais important que les fondations, les organismes de bienfaisance et les OSBL renouent avec leurs valeurs fondamentales et leur raison d’être, pour en faire le véritable moteur de leur action. La COVID-19 impose et accélère une transformation qui aurait pu prendre beaucoup plus de temps… Comment pouvons-nous utiliser cette période pour changer les choses et militer en faveur d’un avenir différent et meilleur? Comment pouvons-nous laisser nos valeurs guider notre intervention d’urgence, tout en commençant à préparer le relèvement et les prochaines étapes? Chez FCC, cette question est notre principale préoccupation, alors que nous surveillons attentivement la situation. Devant la rapidité des changements, nous faisons tout notre possible pour être audacieusement fidèles à notre raison d’être : « créer un avenir où tout le monde a sa place ».

J’ajouterais qu’il est plus que jamais important que les fondations, les organismes de bienfaisance et les OSBL renouent avec leurs valeurs fondamentales et leur raison d’être, pour en faire le véritable moteur de leur action.

Andrew Chunilall, Chef de la direction

Comment vous adaptez-vous au télétravail intégral, et comment guidez-vous et soutenez-vous votre équipe et votre CA à cet égard? 

Andrea : Nous avons pris certaines mesures. Je dirais qu’en ce moment les communications sont la clé. Le lundi matin, j’envoie un message à l’équipe, avec des mises à jour et mes salutations. Je termine la semaine avec un résumé semblable pour notre CA. Sur le plan opérationnel, nous avons établi quelques points de contact avec l’équipe. Nous avons formé une équipe de réponse à la COVID-19, avec la contribution de quelques-uns de nos services : communications, programmes, RH, finances et partenariats. Ce groupe se réunit trois fois par semaine pour échanger de l’information et gérer notre réponse. Nous avons aussi créé un canal Slack à l’intention de tout le personnel, spécifiquement pour la COVID-19. C’est un espace où tout le monde peut participer et partager différentes choses : information sérieuse sur les programmes, mèmes Internet comiques, bons articles, outils et ressources utiles que nous avons découverts, etc.

Par ailleurs, les équipes des différents projets demeurent en contact étroit. Chaque équipe a sa propre façon de mener ses activités et de soutenir ses membres; certaines équipes commencent la journée par une réunion, tandis que d’autres se réunissent deux fois par semaine.

Notre approche, en ce moment, est que tout le monde doit mettre la main à la pâte. Nous avons évalué ensemble différents secteurs d’activité, dépriorisé le travail pour des projets où le facteur temps est moins important, et le personnel collabore à des initiatives et des activités auxquelles il ne travaillait peut-être pas régulièrement.

Andrea Dicks, Présidente

Nous essayons d’utiliser le plus possible les vidéoconférences qui nous permettent de nous « voir » mutuellement, mais nous savons qu’après un mois de travail à distance, les appels Zoom interminables peuvent être épuisants, sinon difficiles à gérer pour les collègues et collaborateurs qui doivent s’occuper de la maison et des enfants. À cette fin, certains membres de notre équipe ajoutent aux appels Zoom des réunions téléphoniques en faisant une promenade, par exemple. Nous essayons, autant que possible, d’être souples et accommodants. Nous comprenons que les membres de nos équipes sont des êtres humains (pas seulement des collègues!) et qu’ils doivent concilier cette situation avec leurs nombreuses responsabilités en tant qu’enfants, frères ou sœurs, parents, soignants, etc.

Notre approche, en ce moment, est que tout le monde doit mettre la main à la pâte. Nous avons évalué ensemble différents secteurs d’activité, dépriorisé le travail pour des projets où le facteur temps est moins important, et le personnel collabore à des initiatives et des activités auxquelles il ne travaillait peut-être pas régulièrement. C’est vraiment le concept de « travail d’équipe » à son meilleur! 

Enfin, je ne saurais assez le souligner, nous avons fait de la place aux échanges informels et à la socialisation en tenant chaque vendredi un lunch thématique via Zoom. La semaine dernière, nous portions des chapeaux « drôles » (créatifs). Durant ces appels, on parle peu du travail, sinon pas du tout. C’est une occasion de décompresser, d’échanger comme on le ferait pendant un repas ensemble. C’est un moment très apprécié, marqué par les rires, la légèreté et la camaraderie, qui permet de faire une pause dans nos semaines exigeantes. 

Comment reliez-vous et soutenez-vous les fondations communautaires et le secteur caritatif canadien actuellement? 

Andrew : La situation évolue tellement rapidement! Encore une fois, comme l’a dit Andrea, c’est vraiment un travail d’équipe. En ce moment, il y a un degré élevé de dialogue et divers types de communication avec les fondations communautaires, ainsi qu’avec le secteur sans but lucratif et de bienfaisance. 

De l’Atlantique au Pacifique à l’Arctique, le leadership des fondations est extraordinaire. FCC s’efforce de faire le suivi de toutes les mesures prises par le mouvement (des fonds d’intervention aux nouveaux partenariats et aux nouvelles collaborations), en les reportant sur une carte interactive que nous mettons à jour plusieurs fois par semaine. L’objectif est de partager l’information et les meilleures pratiques, afin que les communautés canadiennes voient ces efforts. S’il manque quelque chose à notre carte, dites-le-nous! 

Nous échangeons activement avec les fondations et les partenaires, dont beaucoup sur une base quotidienne. Andrea et moi, nous avons régulièrement des réunions avec de nombreux leaders des fondations communautaires au Canada et à travers le monde. Nous encourageons les fondations à utiliser des outils tels que nos divers canaux Slack et nos gestionnaires de liste, pour répondre à des enjeux ou à des questions spécifiques, ou pour partager des ressources. Nous offrons des webinaires thématiques pour le personnel et le CA des fondations. Nous savons l’importance de la direction et du soutien à toutes les fondations. À cette fin, nous avons demandé à notre CA de faire des appels afin de répondre à des questions de gouvernance, et de permettre aux leaders des fondations locales de poser des questions, demander des conseils, etc. 

En plus de nos conversations avec notre réseau de fondations communautaires, nous participons avec le secteur sans but lucratif et de bienfaisance à des échanges avec de nombreux partenaires (entreprises, particuliers, gouvernement), dont bon nombre désirent collaborer. Plus que jamais, nous constatons un vif désir de cohésion, en unissant nos forces et en travaillant pour le bien commun de nos communautés.  

Sur le plan personnel, quelles stratégies trouvez-vous utiles en ce moment pour gérer votre temps et votre énergie?  

Andrea : Une des choses les plus importantes que j’ai apprises à faire, c’est de prendre des périodes de « transition ». Spécifiquement, même si je ne vais nulle part, ne faisant que des allers-retours à la maison, matin et soir je fais une promenade. Chaque matin, avant d’aller au « bureau », j’essaie de sortir pour prendre l’air. C’est ce que je fais aussi à la fin de ma journée de travail, ce qui me permet de fixer une bonne limite. Je m’efforce aussi de manger des aliments sains et nourrissants, et d’éviter le sucre (c’est très difficile!); j’ai remarqué que, quand je le fais, je suis plus concentrée et j’ai une meilleure résilience mentale. 

Andrew : Moi aussi, je fais de l’activité physique et je consacre du temps à ma famille afin de rester sain de corps et d’esprit. Je cours habituellement 40 minutes le matin et je prends le temps, entre les appels et les réunions, de faire de courtes balades en vélo avec les enfants, et des promenades avec mon épouse à la fin de la journée. Je respecte très fidèlement mon horaire de veille et de sommeil, ce qui m’aide à garder des idées claires et à me concentrer. En ce moment, mes plaisirs coupables comprennent le kombucha et occasionnellement des chips BBQ.

Dans vos loisirs, vous êtes tous les deux des lecteurs avides. Quels livres ou blogues lisez-vous en ce moment, que vous recommanderiez? 

Andrea : Untamed, de Glennon Doyle — c’est incroyable! 
Andrew : Future of Good présente actuellement d’excellents reportages. À consulter!