Le présent texte s’inscrit dans notre série sur le Fonds d’urgence pour l’appui communautaire. Nous démontrons comment ce programme de financement fédéral de 350 millions de dollars soutient les populations vulnérables touchées de manière disproportionnée par COVID-19.
À ce jour, le Canada a largement dépassé la barre des 400 000 cas de COVID-19, ce qui entraîne des besoins urgents et persistants en matière d’information sur la santé, de tests, d’EPI et bien plus encore. Même avant la pandémie, les populations vulnérables se heurtaient à des obstacles quand venait le temps d’accéder à des ressources en matière de santé, un problème que la COVID-19 n’a fait qu’exacerber.
Partout au pays, les organismes de bienfaisance et à but non lucratif travaillent sans relâche en première ligne pour soutenir ces communautés. Pour permettre à ces organismes d’accroître leur portée, les Fondations communautaires du Canada ont accordé du financement à près de 5 000 projets par l’entremise du Fonds d’urgence pour l’appui communautaire (FUAC). Parmi ces projets, plus de 2 000 protègent les gens de la pandémie au moyen de mesures d’hygiène et sanitaires.
La communauté artisanale à la rescousse
L’un de ces organismes est le conseil des métiers d’art de Terre-Neuve-et-Labrador, qui a pour mission de renforcer le potentiel économique de la communauté artisanale de Terre-Neuve-et-Labrador. Au début de la pandémie, le conseil des métiers d’art s’est joint à un groupe de travail provincial, collaborant avec plusieurs partenaires et bénévoles pour concevoir des EPI certifiés par Santé Canada.
« À la fin du mois d’août, nous avions créé 250 000 masques à usage général », précise la directrice générale Rowena House.
Les EPI sont fournis à l’autorité sanitaire locale, Eastern Health, qui les distribue là où on en a besoin. Le financement supplémentaire du FUAC a permis au groupe de travail d’embaucher à temps plein une dizaine d’étudiants en arts textiles.
« Depuis le mois de mars, l’avenir était incertain pour ces étudiants, qui souhaitaient redonner à la communauté, mais aussi gagner leur vie, explique Mme House. Ils possèdent tous de formidables compétences en ce qui a trait à la production, à la couture, aux patrons de couture à suivre… C’est un projet réellement lié à ce qu’ils ont appris au cours de leurs études. »
Comme les cas de COVID-19 sont peu nombreux à Terre-Neuve-et-Labrador, la plupart des EPI sont envoyés dans d’autres régions canadiennes, notamment en Alberta. « Il y a 24 cas dans toute la province, alors nous avons beaucoup d’EPI disponibles », assure Mme House. Grâce à sa participation au groupe de travail, le conseil des métiers d’art joue un rôle de premier plan dans le ralliement des efforts de soutien envers les travailleurs de première ligne d’un océan à l’autre.
Pour protéger les droits de tous les travailleurs
À l’Île-du-Prince-Édouard, la pandémie a mis en lumière les problèmes qui touchent les travailleurs étrangers temporaires. Ces derniers, considérés comme des travailleurs essentiels pendant la pandémie de COVID-19, ont joué un rôle important dans les secteurs de l’agriculture et de la transformation des produits de la mer de l’Île-du-Prince-Édouard. Malgré cela, ils font face à plusieurs difficultés, notamment des droits judiciaires limités et un travail précaire.
L’Institut Cooper offre à cette communauté des renseignements accessibles en matière de droit, de santé et de sécurité. Ann Wheatley, coordonnatrice du projet, explique que ces personnes n’obtiennent pas le statut de résident permanent et ne peuvent travailler que pour un seul employeur. Elle ajoute que, par conséquent, « il y a beaucoup de crainte à parler ouvertement du danger ou de l’insalubrité des conditions de vie ou de travail » au sein de cette communauté. Mme Wheatley mentionne également qu’en Ontario, la situation a entraîné le décès de travailleurs ayant contracté la COVID-19.
Avant la pandémie, l’Institut Cooper a distribué des ressources imprimées aux travailleurs. Lorsque les mesures de distanciation physique ont été imposées, affirme Mme Wheatley, « l’un des plus grands défis auxquels nous avons dû faire face a été le fait que les gens cherchaient principalement à s’informer à partir de leur téléphone cellulaire ».

L’Institut Cooper utilise le FUAC pour offrir des ressources en ligne. « Cela a nécessité un reformatage des guides d’information sur notre site Web pour qu’ils puissent être consultés sur un téléphone », explique-t-elle. Les textes ont également été traduits dans plusieurs langues. Même s’il s’agit d’une solution simple, elle s’est avérée incroyablement efficace pour soutenir cette population vulnérable, et c’est là exactement la raison d’être du FUAC.
Une sécurité accrue pour les femmes
Un autre organisme financé par le FUAC est Atira Women’s Resource Society, un organisme de Colombie-Britannique déterminé à mettre fin à la violence faite aux femmes. La PDG Janice Abbott, qui travaille avec des femmes logées dans des chambres d’hôtel pour personnes seules et des micro-unités, explique que dans le contexte de la COVID-19, Atira fournit à celles-ci « des repas préparés, des produits de nettoyage et des masques », en plus de livrer leurs médicaments sur ordonnance.
Atira exerce ses activités à Vancouver et dans la région de Surrey. À l’aide du financement du FUAC, l’organisme s’est procuré une fourgonnette d’intervention mobile pour la ville de Surrey, dont le degré d’étalement urbain est plus élevé que celui du centre-ville de Vancouver.
« La fourgonnette est sur la route de 18 h à 3 h du matin, explique Mme Abbott. Nous savons à quels endroits les femmes se trouvent principalement (celles qui travaillent ou qui dorment dehors), alors nous leur apportons les fournitures dont elles ont besoin. » Grâce au travail d’Atira, les femmes de Surrey ont désormais accès à l’EPI nécessaire pour se protéger de la COVID-19.
Reconstruire, en mieux
Les trois organismes ont opté pour une approche inclusive dans leur manière d’utiliser le financement du FUAC, en veillant à ce que leur communauté fasse partie intégrante du processus de décision. « Nous essayons de collaborer le plus étroitement possible avec les femmes qui ont recours à nos services », dit Mme Abbott. Même son de cloche du côté de l’Institut Cooper : Mme Wheatley assure que « les travailleurs migrants ont participé à l’élaboration des guides ».
Même si le FUAC est déjà à l’origine d’un réel changement positif, la demande de financement d’urgence augmente sans cesse. « Il est important pour nous de construire des communautés résilientes, et cela nécessite du financement et des projets à plus long terme, explique Mme Wheatley. Si nous souhaitons améliorer les communautés que nous reconstruirons, nous devons nous attaquer aux facteurs qui maintiennent les travailleurs dans une situation de vulnérabilité. Il faut fournir aux employeurs l’argent nécessaire à la création de meilleurs logements. »
En ce qui concerne le rôle que jouera Atira lorsque la pandémie sera terminée, Mme Abbott souligne que « les femmes qui dorment dans la rue ou travaillent dehors continuent d’avoir besoin de soutien. Dans un an, elles n’auront peut-être plus besoin de masques, mais elles auront assurément besoin d’autre chose. La possibilité de trouver un toit à ces femmes continuera d’être essentielle, même une fois la COVID derrière nous. »
Pour Mme House, un financement supplémentaire permettrait d’autres collaborations avec Eastern Health afin de mettre au point de nouveaux produits qui contribueraient à la viabilité financière des communautés locales. « L’une des grandes leçons à tirer de la pandémie est qu’il est important de diversifier les sources de revenus afin de pouvoir concrétiser tous les projets que l’on a en tête », conclut-elle.