Cet article fait partie d’une série en cours sur les fondations communautaires qui mettent en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies. Pour plus d’information sur les ODD, consulter notre Guide et coffre à outils sur les ODD.

Chaque matin, cinq camionneurs de Victoria, en Colombie-Britannique, ont une mission : aller chercher des aliments frais dans les épiceries et les livrer à un entrepôt géré par l’organisme Mustard Seed. De nombreux aliments destinés aux sites d’enfouissement sont ainsi détournés, qu’il s’agisse de tomates meurtries ou de choux-fleurs qui arrivent à leur date de péremption.
Cet entrepôt particulier est le Centre de distribution de la sécurité alimentaire, un élément d’un ambitieux et vaste projet du Food Share Network visant à résoudre l’insécurité alimentaire dans la région de la capitale de la Colombie-Britannique. Résoudre l’insécurité alimentaire a toujours été un objectif crucial, mais il l’est plus que jamais en ce moment, de nombreuses familles ayant vu leur monde bouleversé par la pandémie mondiale.
Le projet est également essentiel à l’engagement de la Victoria Foundation dans la poursuite du deuxième objectif de développement durable (ODD) des Nations unies : Faim « zéro » d’ici 2030.
« L’objectif est d’avoir une région où la sécurité alimentaire est assurée », déclare Sandra Richardson, directrice générale de la Victoria Foundation. Selon elle, le projet a débuté lorsque la fondation a décidé de recueillir des statistiques montrant que plus de 50 000 personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire dans la région de la capitale. « Cela nous a servi de point de départ », dit-elle.
En 2013, la fondation a créé une feuille de route exhaustive sur le problème de l’insécurité alimentaire, en collaboration avec la Capital Region Food and Agriculture Initiatives Roundtable et 43 autres organismes. On jetait d’énormes quantités de nourriture dans les supermarchés, alors que près de 14 % de la région ne mangeait pas à sa faim.
« En visitant les supermarchés pour examiner leur fonctionnement, on pouvait voir une belle caisse de tomates se perdre juste parce qu’une ou deux tomates n’étaient pas bonnes », explique Sandra Richardson. « Il y a tellement de gens qui comptent sur les banques alimentaires, qui proposent généralement des produits non périssables, des conserves et beaucoup de sucre raffiné. »
Il était clair que les choses devaient changer.
L’impact durable que permettent les partenariats
Un moment déterminant a été lorsque la région a commencé à faire payer les épiceries pour la nourriture jetée. Les supermarchés ont alors voulu s’associer pour réduire leurs quantités de déchets et, après trois projets pilotes, la Victoria Foundation a versé des fonds de contrepartie aux clubs Rotary du Grand Victoria pour lancer le projet Food Rescue en 2017.
La fondation, en collaboration avec la Vancity Credit Union et le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique, a acheté l’entrepôt pour la Mustard Seed Church en 2018. Maintenant que la Mustard Seed est propriétaire de l’espace, elle peut le louer à de petits producteurs alimentaires. Cela permet de soutenir le projet, ainsi que l’économie alimentaire locale.
Les produits du centre nourrissent maintenant près de 35 000 personnes et sont distribués à plus de 50 organismes, notamment des maisons de retraite, des maisons de transition, des écoles, des communautés de Premières nations et d’autres communautés. Le marché alimentaire et le programme de repas chauds de Mustard Seed nourrissent également 7000 personnes supplémentaires.
En voie d’atteindre l’objectif faim « zéro » d’ici 2030
La fondation a commencé à utiliser les ODD de l’ONU pour évaluer le succès des initiatives locales en 2017, dont le deuxième est affiché au mur du Centre de distribution de la sécurité alimentaire. « Vous y verrez le deuxième objectif « faim zéro » », dit Sandra Richardson. « Le projet a permis d’accroître considérablement les connaissances et la communication au sujet non seulement de cet ODD, mais de tous les autres. »
La lutte contre l’insécurité alimentaire est très clairement liée à l’ODD 2 (Faim « zéro »), mais elle est également liée aux questions de pauvreté et d’itinérance (ODD 1 : Pas de pauvreté). « Nous avons commencé par le deuxième objectif parce qu’il semblait être le problème le plus grave à ce moment », explique Sandra Richardson. « Ce n’est pas quelque chose que l’on peut résoudre une seule fois et qui disparaît. Vous devez continuer à l’assurer. »
Mais le projet aidera également la fondation à construire une économie alimentaire plus durable et plus résistante sur le plan environnemental. Dans les années 1970, l’île de Vancouver produisait environ 70 % de sa propre nourriture, mais aujourd’hui, seuls 9 à 10 % des aliments sont produits localement. Si jamais la chaîne d’approvisionnement était perturbée et qu’aucune nourriture ne pouvait atteindre l’île de Vancouver, l’approvisionnement alimentaire sur l’île ne durerait que de trois à cinq jours.
Quelles sont les prochaines étapes?
La prochaine phase consistera à développer le Centre de distribution de la sécurité alimentaire comme plateforme alimentaire pour la région, avec des programmes d’éducation alimentaire, des formations professionnelles et la location d’espaces aux producteurs locaux. Fournir des aliments frais aux personnes qui en ont besoin est un point de départ important.
« Les gens fonctionnent mieux lorsqu’ils donnent à leur corps des aliments complets, nutritifs et sains », explique Janiene Boice, directrice du développement chez Mustard Seed. « Cela leur permet de mieux travailler, et de mieux faire face aux crises et aux défis. Je crois que l’impact est générationnel. »

Ces articles ont été compilés avec la collaboration de rédacteurs et rédactrices de The Starfish Canada. C’est avec fierté que nous travaillons avec des jeunes qui font avancer les ODD au Canada.