New York, septembre 2018. Une idée émerge : intégrer les objectifs de développement durable – l’Agenda 2030 des Nations Unies – à la philanthropie communautaire.

D’une certaine façon, FCC et les fondations communautaires canadiennes oeuvrent déjà en ce sens. D’où la discussion. Qu’est-ce que la philanthropie communautaire? Comment et pourquoi devrait-elle s’inscrire dans cet agenda et, potentiellement, en devenir un véritable catalyseur? Au-delà de ces enjeux stratégiques, une autre question, à mon sens, s’impose, celle des valeurs.

Oui, la philanthropie peut compter sur différents atouts pour intégrer ces objectifs et développer des indicateurs, tant sur le plan local qu’international, et ce à travers les mécanismes déjà en place : l’octroi de subventions, le leadership éclairé, son pouvoir de mobilisation… Mais qu’ont en commun les valeurs des ODD et celles de la philanthropie? Sans cet arrimage, le plein potentiel de la philanthropie peut-il vraiment être mis au service des ODD?

Deux thèmes spécifiques – des valeurs – ressortent de la discussion; ils continuent d’alimenter mes réflexions.

Risque

« La philanthropie est bien positionnée pour prendre des risques, mais c’est aussi l’un des secteurs les plus frileux par rapport au risque », a lancé l’un des panelistes au cours de la discussion.

Pouvons-nous insuffler un peu de courage et d’audace à notre mouvement pour prendre le virage des ODD? Certains avanceront que la philanthropie fait déjà preuve de courage. Pour ma part, j’ai tendance à donner raison au paneliste : nous pouvons faire mieux, et de différentes façons.

Au Canada, la tendance actuelle veut que nous soyons capables d’exploiter davantage nos actifs, de maximiser nos retombées. Cet effet de levier, c’est l’« investissement d’impact ». L’année dernière, FCC s’est joint à un partenariat qui a produit un guide sur cette nouvelle approche, afin d’en populariser la pratique. Ce mouvement, dit #ShiftThePower, est planétaire. Au cœur de cette approche : l’idée de redonner le pouvoir aux communautés locales, tant aux organismes qu’aux citoyens et citoyennes des collectivités. La sagesse et les idées issues de la communauté sont des facteurs clés, en porte-à-faux de la traditionnelle approche du « haut vers le bas » qui a marqué l’histoire de la philanthropie.

Honnêteté

L’honnêteté est une autre valeur qui est ressortie du lot pendant la discussion. Plus spécifiquement, l’honnêteté envers nous-mêmes. Un défi a été lancé : les organisations philanthropiques (et, soyons clairs, les secteurs publics et privés aussi) sont-elles honnêtes à propos de leur «  volonté » d’intégrer les ODD?

Le positionnement de cette « intention » est la clé de ce défi. Nous ne pouvons pas nous contenter de simplement « repackager » ce que nous faisons déjà en le faisant passer pour notre contribution aux ODD.

Sans aucun doute, nos actions actuelles et passées doivent être prises en compte, mais si elles se suffisaient à elles-mêmes, il n’y aurait aucun défi à relever face aux ODD et à la panoplie d’indicateurs associés à chacun d’entre eux.

Alors, oui!  Bien sûr, continuons le bon travail, mais faisons mieux, plus – avec « intention ».

Le cadre de travail des ODD est sous-entendu quand on dit « de ne laisser personne de côté» Ce leitmotiv parle de valeurs, mais aussi d’un défi. Nous sommes extrêmement solides lorsqu’il s’agit d’investir dans le capital social, de déployer ressources et savoir. Imaginez ce qu’il sera possible de faire lorsque nous consacrerons toute notre attention, et intention, avec honnêteté et courage, aux ODD.

Cet article a paru en version originale sur le blogue de WINGs, le 30 octobre 2018.